samedi 11 octobre 2014

La République du 11/10/2014 : Montereau-Fault-Yonne Encore beaucoup de zones d’ombre autour de l’avenir du centre hospitalier

Montereau-Fault-YonneEncore beaucoup de zones d’ombre autour de l’avenir du centre hospitalier

Le nouveau directeur est en place depuis le début du mois de septembre. L’occasion d’aborder avec lui les enjeux de l’hôpital et son positionnement pour les années à venir.

11/10/2014 à 13:14 par Pierre CHOISNET
Le service de réanimation, l'IRM, le service maternité, la réorganisation du personnel et le plan de retour à l'équilibre sont les dossiers brûlants qui font grincer des dents les syndicalistes de l'hôpital de Montereau
Le service de réanimation, l'IRM, le service maternité, la réorganisation du personnel et le plan de retour à l'équilibre sont les dossiers brûlants qui font grincer des dents les syndicalistes de l'hôpital de Montereau

La réanimation

C’est LA question sensible du moment. Alors que l’union syndicale de la CGT s’inquiète du sort du service réanimation au centre hospitalier de Montereau, Benoît Fraslin, le nouveau directeur, tient à rassurer la population, les salariés et les syndicats. En effet, la réanimation à proprement parler pourrait fermer d’ici le 31 décembre 2014, avec un report éventuel de six mois si l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France le consent.
Cette éventualité a tôt fait d’affoler les syndicats, d’autant plus que les services de réanimation et de cardiologie avaient été entièrement rénovés il n’y a même pas deux ans, pour la coquette somme de quatre millions d’euros. « Nous n’allons pas réellement fermer le service qui est aujourd’hui composé de dix lits, six de réanimation et quatre de surveillance continue, explique le directeur. Notre objectif est simplement de remplacer les lits de réanimation par des lits de surveillance continue. »
Ces lits de surveillance continue induisent une prise en charge intermédiaire entre les unités de réanimation et celles dites « classiques ». En outre, ils représentent un moindre coût pour l’hôpital. « Nous allons probablement avoir quelques situations où on ne pourra pas prendre en charge le patient, indique-t-il. Les malades les plus lourds, notamment ceux qui ont besoin d’être assistés en terme de ventilation et de respiration au-delà de quarante-huit heures, seront transférés dans un autre hôpital ». Et d’ajouter : « Nous savons qu’en 2013 le centre hospitalier de Montereau a accueilli 203 patients dans cette unité. Nous regardons donc, dossier par dossier, les besoins que nous avons afin d’adapter notre offre. Pour le moment, aucune décision en terme de personnel n’a été prise. Nous avons demandé un délai à l’ARS pour réorganiser cette unité. »
Le service réanimation avait été rénové, en même temps que celui de la cardiologie, il y a près de deux ans. Coût total de l'opération : quatre millions d'euros
Le service réanimation avait été rénové, en même temps que celui de la cardiologie, il y a près de deux ans. Coût total de l'opération : quatre millions d'euros

À quand l’IRM ?

Décidément, l’installation d’une Imagerie par résonance magnétique (IRM) au centre hospitalier de Montereau n’en finit pas d’être remise en cause. Annoncée en grande pompe par la direction et par le maire de Montereau, Yves Jégo, par ailleurs président du conseil de surveillance de l’hôpital, l’IRM devait initialement être installée à la fin de l’année 2013, avant d’être repoussée à juin 2014. Or, aujourd’hui, il n’y a toujours pas d’IRM au centre hospitalier de Montereau. « L’établissement est en difficulté financière et n’a pas la marge d’investissement pour porter ce projet pour le moment », concède Benoît Fraslin avant de promettre que « tout sera mis en œuvre pour trouver une solution ». Une réunion avec le groupement d’intérêt économique (les quatre hôpitaux du sud Seine-et-Marne qui vont profiter de cet équipement, ainsi que les cabinets de radiologie de Varennes et de Fontainebleau) est d’ailleurs prévue dans les prochains jours.

Situation financière

Depuis déjà deux ans, l’hôpital de Montereau se serre la ceinture afin de mettre en place un plan de retour à l’équilibre censé redresser les comptes de l’établissement, plombés par un déficit cumulé qui était de 2,2 millions d’euros fin 2012. « Aujourd’hui, nous travaillons afin de clarifier les données budgétaires qui établiront notre politique en 2015, détaille le directeur. Il faut que nous soyons imaginatifs afin de modifier notre organisation là où on le peut, sans pour autant dégrader les conditions de travail ou la prise en charge des patients. L’une des pistes envisagées pour remettre les comptes dans le vert est de développer la chirurgie ambulatoire (sortie du patient le même jour que son admission, N. D. L. R.). De même, nous allons engager des réflexions autour du développement de la gériatrie, vrai levier de développement vu les besoins croissants de la population, et le secteur mère-enfant. Les nouveaux projets de notre établissement seront dévoilés fin janvier. »

La CGT grince des dents

Sur le qui-vive, l’union syndicale CGT des trois hôpitaux du sud Seine-et-Marne (Montereau, Nemours et Fontainebleau) a organisé, le 19 septembre, une réunion publique afin « d’informer la population des conséquences que peuvent engendrer les projets de loi et les restructurations des hôpitaux sur l’accès aux soins. »
Tout en dénonçant la « réduction de l’offre de soin », les syndicalistes s’inquiètent également de la réduction des effectifs dans les différents services. « Le personnel en fait les frais au quotidien par des heures supplémentaires, des rappels sur repos, des jours de congés non pris et parfois trois week-ends consécutifs de travail, dénonce Isabelle Rose, déléguée syndicale, salarié à Montereau. Il y a un non-respect de la réglementation en faisant travailler le personnel avec une amplitude de travail supérieur à douze heures, des semaines allant jusqu’à soixante heures alors que la réglementation est de quarante-huit heures maximum, heures supplémentaires incluses ! »
En 2012, le centre hospitalier comptait 790 équivalents temps plein. Aujourd’hui la direction estime que quinze à vingt de ces équivalents ont été supprimés par le moyen du non-remplacement. « On ne peut pas rester dans une organisation constante, plaide Benoît Fraslin. Si on veut faire baisser la pression sur nos équipes, il faut réadapter nos services. Il faut avoir le courage d’aborder ce sujet. »