Alerte au manque d'effectif à l'hôpital - Personnes âgées
Sophie Bordier | 26 Juil. 2004
«PAR MANQUE de
personnel, les résidants trinquent, les familles se plaignent et les équipes se
démobilisent. Il faut recruter. Sinon, cela pourrait ressembler à de la
maltraitance passive ! » Gros coup de colère du personnel du pavillon
Costrejean à Fontainebleau. Sous la houlette du syndicat autonome santé,
infirmiers et aides-soignants de l'hôpital dénoncent le manque d'effectifs dans
le bâtiment de long séjour qui accueille 192 personnes âgées.
« Le site compte trois étages de 64 lits. Or, pour chaque étage,
nous n'avons que le personnel minimum. Le matin, deux infirmières, six
aides-soignantes et deux femmes de ménage. L'après-midi, une seule infirmière,
quatre aides-soignantes et une femme de ménage. En cas d'absence de l'une ou
l'autre, le travail retombe sur les autres. Résultat, le travail est bâclé. Les
toilettes sont faites à la va-vite. On n'a pas le temps de leur donner une
douche par jour. En plus, on est pressés par le temps, donc énervés. Face à des
personnes qui vivent au ralenti, c'est dur », soupire Janine Moginot,
aide-soignante. « Le relationnel est expédié. On les met dans un fauteuil,
devant la télé. La dernière sortie remonte à 2003, en bord de Seine. Par manque
de personnel, on ne les sort plus. On a peu de temps pour parler à chacun. Tout
cela accélère le processus de grabatisation. Ces pensionnaires et leurs
familles paient cher par rapport à ce qu'on leur offre », s'insurge Alain Le
Noach, aide-soignant.
Selon Dominique Lecerf, délégué syndical, 4,4 postes
supplémentaires d'aides-soignants étaient proposés par l'Agence régionale
d'hospitalisation, mais financièrement gelés. En attendant, il estime « le
droit du travail bafoué ».
Très
inquiets, les membres du syndicat autonome santé de l'hôpital de Fontainebleau
ont alerté l'élu du conseil général qui préside la commission de l'action
sociale, Gérard Bernheim. « Je les ai reçus le 1 er juillet et j'ai vraiment eu
le sentiment d'entendre des personnes tout à fait responsables. Le département
n'a pas compétence en la matière, sauf à ordonner des inspections. J'ai
aussitôt prévenu la directrice de la Direction départementale des affaires
sanitaires et sociales (Ddass), qui m'a assuré qu'elle allait regarder de près
le sujet ». De son côté, la direction de l'hôpital de Fontainebleau n'a pas
souhaité communiquer.